Depuis sa sortie, ChatGPT fait de l’œil au monde professionnel, que ce soit aux entreprises ou aux travailleurs indépendants, tous y voyant un moyen de booster leur productivité. Et pourtant, l’IA n’en est qu’à ses débuts et a bien évolué en quelques mois ! Les possibilités semblent se multiplier, notamment avec la sortie de GPT-4, une version du modèle de langage[5] qui alimente le chatbot plus fiable et plus précise, et l’intégration de plug-in dans ChatGPT (voir notre article). Les outils de productivité subissent d’ores et déjà des mutations : Microsoft[2] a annoncé l’arrivée de l’assistant Copilot pour sa suite Microsoft 365, Google[6] s’apprête à ajouter un assistant intelligent à sa suite Workplace, et même Canva continue d’intégrer toujours plus d’IA à ses outils via la Canva Visual Suite.
L’IA s’insinue petit à petit dans le monde du travail et semble inéluctablement destinée à supprimer beaucoup d’emplois actuels. D’après un sondage de ResumeBuilder, relayé par Fortune, 25 % des entreprises ont déjà remplacé des employés par ChatGPT – c’est par exemple le cas du média CNet. C’est une véritable révolution pour les métiers du secteur tertiaire, comme l’industrialisation l’avait été pour les professions manuelles, qui touchera particulièrement l’Europe et les États-Unis. Alors, à quelles mutations s’attendre ?
Emploi et IA : une révolution pour le secteur tertiaire
Dans un billet de blog, Bill Gates estime qu’il s’agit de l’avancée technologique la plus révolutionnaire depuis l’interface utilisateur graphique (GUI) présentée en 1980. « Le développement de l’intelligence artificielle[1] est aussi fondamental que la création du microprocesseur, de l’ordinateur[3] personnel, d’Internet[7] et du téléphone mobile. Cela changera la façon dont les gens travaillent, apprennent, voyagent, se soignent et communiquent entre eux », affirme-t-il. Pour la première fois dans l’histoire des innovations technologiques, ce sont les métiers dits « intellectuels » qui seraient les plus touchés. Ce changement a été étudié par plusieurs spécialistes, qui essayent de prévoir l’impact que cette technologie pourrait avoir sur le secteur du travail dans les années à venir.
Ainsi, les chercheurs d’OpenAI, en collaboration avec Open Research et l’Université de Pennsylvanie, ont essayé de déterminer quelles professions étaient les plus à risque parmi un échantillon de 1 000 professions, dont chacune a ensuite été décomposée en plusieurs tâches. D’après leur étude, il apparait que l’IA pourrait se charger au moins à 50 % d’une grande partie des tâches identifiées pour chaque emploi. Cette « aide » aurait surtout un impact sur les emplois dits « à hauts revenus », car ces derniers impliquent que le travailleur réalise des tâches en utilisant un logiciel[8].
ChatGPT : les métiers les plus menacés
« Nos résultats indiquent qu’environ 80 % de la main-d’œuvre américaine pourrait voir au moins 10 % de ses tâches de travail affectées par l’introduction des IA, tandis qu’environ 19 % des travailleurs pourraient voir au moins 50 % de leurs tâches affectées », explique OpenAI. Bien évidemment, les métiers de l’écriture et de la création (écrivains, poètes, paroliers, journalistes, graphistes…) seraient particulièrement touchés, mais pas que. Séraient aussi concernés les métiers du droit (comme les assistants juridiques), de la programmation[4] et ceux particulièrement techniques (mathématiciens, comptables, concepteur d’interface numérique…). En revanche, les professions qui « dépendent fortement de la science et des compétences de pensée critique » seraient moins affectées par l’arrivée en force de l’IA. De même, certaines industries qui reposent beaucoup sur la main-d’œuvre devraient y échapper. Ce serait notamment le cas de l’exploitation forestière, de l’aide sociale et de l’industrie de l’alimentaire. Idem pour les cuisiniers, les peintres en bâtiment, les maçons, les tailleurs de pierre et les mécaniciens.
Nos confrères du Journal du Net se sont amusés à demander à ChatGPT quels métiers il serait capable d’exercer en étant aussi efficace qu’un humain. Voici quelques exemples tirés de sa réponse :
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Agent immobilier : « Je peux fournir des informations sur les propriétés, organiser des visites virtuelles et aider à la négociation des contrats ».
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Assistant juridique : « Je peux effectuer des recherches juridiques, rédiger des documents et aider à la préparation des dossiers ».
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Bibliothécaire : « Je peux organiser et cataloguer des ressources, ainsi que répondre aux demandes de renseignements des utilisateurs ».
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Community manager : « Je peux interagir avec les utilisateurs sur les réseaux sociaux, modérer des commentaires et gérer les campagnes publicitaires ».
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Conseiller bancaire ou financier : « Je peux analyser les marchés financiers et les données économiques pour fournir des recommandations d’investissement basées sur des modèles prédictifs ».
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Copywriter : « Je peux générer du contenu publicitaire, des titres accrocheurs et des descriptions de produits en utilisant des techniques de persuasion ».
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Développeur : « Je peux générer rapidement des codes, des sites web[9] et proposer des éléments de design » et « grâce à ma créativité algorithmique, je peux créer des scénarios et des niveaux de jeu captivants ».
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Enseignant en ligne : « Je peux fournir des réponses instantanées et des ressources pédagogiques en fonction des besoins des élèves ».
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Journaliste : « Je peux rédiger des articles de presse en m’appuyant sur des sources fiables et en respectant les normes journalistiques ».
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Guide touristique : « Je peux fournir des informations sur les sites touristiques, la culture et les attractions d’une région, ainsi que des recommandations sur les activités, restaurants et l’hébergement ».
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Modérateur : « Je peux identifier et supprimer rapidement les contenus inappropriés sur les plateformes en ligne ».
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Opérateur de centre d’appels : « Je peux gérer les appels entrants et sortants, répondre aux questions et résoudre les problèmes des clients ».
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Programmeur : « Je maîtrise plusieurs langages de programmation[4] et peux écrire ou déboguer du code rapidement ».
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Réceptionniste : « Je peux automatiser et gérer efficacement la gestion des appels, la planification des rendez-vous et la fourniture d’informations ».
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Recruteur (RH) : « Je peux analyser les CV, sélectionner les candidats et faciliter les entretiens d’embauche ».
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Scénariste : « Je peux générer des idées de scénarios, des dialogues et des intrigues en m’appuyant sur ma vaste base de données de films, de séries télévisées et de littérature ».
300 millions d’emplois supprimés : une mutation profonde du marché
Mais concrètement, qu’est-ce que cela va donner ? Les analystes de la banque d’investissement Goldman Sachs viennent de publier un rapport sur la question et, d’après eux, pas moins de 300 millions d’emplois dans le monde pourraient être supprimés par les IA génératives comme ChatGPT. Environ deux tiers des emplois actuels aux États-Unis et dans l’Union européenne seraient exposés à un certain degré d’automatisation par l’IA. Là encore, on retrouve en première ligne les métiers juridiques, administratifs et liés au support clients pour les États-Unis, et les cadres et les métiers administratifs en Europe.
Ainsi, 46 % des tâches administratives, 44 % des tâches juridiques et 37 % des tâches relevant de l’architecture et de l’ingénierie pourraient être remplacées par l’IA. Le secteur des sciences de la vie, physiques et sociales devrait lui aussi être fortement touché avec 36 % des tâches remplaçables, contre 25 % pour les activités commerciales et financières complètent le top 5 avec 35 %. Comme dit précédemment, les professions nécessitant une activité physique, comme la construction et la maintenance, sont moins exposées, avec respectivement 6 % et 4 %. Toujours selon l’analyse, les cinq pays les plus touchés par cette révolution des cols blancs devraient être Hong Kong, l’Israël, le Japon, la Suède et les États-Unis, au contraire de la Chine, du Nigeria, du Vietnam, du Kenya et de l’Inde.
Vu comme ça, l’avenir semble assez pessimiste. Pourtant, l’étude entrevoit une hausse de la productivité et une accélération de l’économie mondiale, avec un PIB mondial annuel qui pourrait progresser jusqu’à 7 % grâce aux IA génératives. Les analystes de la banque pensent que leur développement pourrait créer de nouveaux métiers. « Le déplacement des travailleurs dû à l’automatisation a toujours été compensé par la création de nouveaux emplois et l’émergence de nouvelles professions », expliquent-ils. On pourrait notamment penser à un développement des emplois destinés à tester les chatbot avec du texte – un peu comme ce qui a été fait à la sortie en bêta de Bing[10] Chat[11]. Reste à voir si les créations de postes suffiront à compenser les emplois menacés. Le rapport se veut néanmoins rassurant, affirmant que « bien que l’impact de l’IA sur le marché du travail soit susceptible d’être important, la plupart des emplois et des industries ne sont que partiellement exposés à l’automatisation et sont donc plus susceptibles d’être complétés que remplacés par l’IA. » Ainsi, seulement 7 % des emplois aux États-Unis pourraient être totalement remplacés par l’IA, tandis que 63 % des travailleurs verraient leurs tâches complétées par l’intelligence artificielle[1] et 30 % ne seraient pas du tout affectés par l’automatisation.
Emploi et IA : un bouleversement qui appelle la plus grande prudence
L’impact révolutionnaire des IA génératives sur le monde du travail risque d’être tel qu’il nous faut avancer avec la plus grande prudence, comme l’a justement rappelé Sam Altam, le PDG d’OpenAI, d’autant plus quand on voit que ce type d’IA part parfois totalement en vrille lorsqu’il s’agit simplement de demander des informations et qu’elle est déjà utilisée pour des cyberattaques… Un avis partagé par plus de mille experts, dont Elon Musk et des chercheurs de DeepMind – la division spécialisée dans l’IA d’Alphabet, la maison-mère de Google[6]. Ces derniers ont en effet cosigné une lettre appelant à l’interruption immédiate et pendant six mois du développement des intelligences artificielles plus puissantes que GPT-4, jugeant le déploiement de l’intelligence artificielle[1] trop rapide. Cette interruption permettrait d’évaluer au préalable si leurs effets seront positifs et leurs risques gérables.
Une inquiétude et une demande tout à fait légitimes. Avec la « course à l’IA » qui semble les avoir gagnées depuis quelques mois, les entreprises de la tech, ne voulant pas se laisser concurrencer, sortent leurs technologies parfois trop vite, sans prendre le temps de poser les garde-fous nécessaires. Cela a notamment été visible lors de la présentation de Bard, le chatbot de Google[6], qui a commis une monumentale bourde lors de sa première présentation, ou encore avec Microsoft[2] et Bing[10] – le chatbot a multiplié les erreurs et les humeurs à sa sortie, allant jusqu’à insulter les internautes (voir notre article). Se pose aussi la question du bilan carbone, ce genre d’IA consommant énormément, mais aussi celles de l’encadrement juridique et de la protection de la vie privée. Et, surtout, reste à savoir jusqu’à quel point nous sommes prêts à déléguer aux intelligences artificielles, y compris pour des questions complexes comme le verdict d’une décision de justice ou le diagnostic d’une maladie.
ensemble des théories et des techniques développant des programmes informatiques complexes capables de simuler certains traits de l'intelligence humaine (raisonnement, apprentissage…).
Microsoft est une es plus grandes sociétés d’informatique / nouvelles technologies du monde. Son système d’exploitation phare, Windows est équipé sur la majorité des ordinateurs dans le monde entier. Microsoft a racheté il y a quelques temps Nokia, et propose désormais sa propre marque de téléphones mobiles.
La tablette Surface Pro de Microsoft :
La console de salon de Microsoft, la Xbox One concurrence Sony avec sa Playstation 4 et Nintendo avec sa Wii et 3DS :
Pour plus d’informations sur la vie de Bill Gates et Microsoft, cliquez ici.
L’ordinateur fixe possède une unité centrale et un écran séparés. L’ordinateur portable est un tout en un, équipé d’une batterie. Il est possible d’y ajouter des périphériques comme une imprimante, une webcam, un disque dur externe…
Les métiers de l’informatique connaissent une forte explosion ces dernières années. Il est possible de développer des applications pour ordinateurs (PC, Mac), smartphones (Android, iOs) et appareils embarqués. Le rôle du développeur (celui qui programme) est de concevoir ces applications, en écrivant un code source, qui sera ensuite interprété et exécuté par l’ordinateur, c’est la programmation. Il existe de nombreux langages de programmations différents (PHP, C++, Swift, Java…). Si vous souhaitez savoir comment apprendre la programmation, cliquez ici.
Voici à quoi ressemble un code source :
Le langage informatique est un jargon professionnel qui se transforme au fil des innovations et de sa diffusion. Certains mots sont totalement nouveaux et expriment de nouvelles notions [logiciel]. D’autres ajoutent un sens nouveau à des mots courants [navigateur, souris]. D’autres tombent en désuétude [basic, assembleur].